Pour les Parisiens ou les Franciliens, Versailles est synonyme de pique-niques ensoleillés et de longues promenades à pied ou à vélo le long du Grand Canal ou dans le domaine de Marie-Antoinette. Un immense domaine pour une évasion facile et bucolique à quelques 30 minutes du centre de Paris.
Aux beaux jours Versailles est toujours une bonne idée.
Mais en hiver? En hiver alors que l’on resterait volontiers sous sa couette ou au coin du feu, pourquoi résister à la tentation d’hiberner et aller, si loin, à Versailles?
Eh bien, parce que c’est la saison idéale pour visiter le Château, toujours affreusement bondé aux beaux jours. Ce musée exceptionnel, témoin des heures fastes de la royauté, est deux fois moins couru en hiver. Le plaisir de (re)visiter ce château sans se limiter à ne voir que les plafonds… sans être bousculé est une des raisons qui m’a poussée à passer un samedi gris et brumeux à Versailles en famille.
En plus du calme relatif du château, les jardins sont encore plus mystérieux en hiver. Le grand Canal et le Bassin dApollon étaient recouverts d’une fine couche de glace sur laquelle cygnes, canards et mouettes marchaient plus qu’ils ne patinaient et le parc était recouvert d’un halo de brume… En lisant récemment les Esquisses parisiennes de Henry James, j’ai été confortée dans cette opinion et dans l’idée de partager cette petite journée ici, lui aussi ayant succombé au charme de Versailles l’hiver.
« C’est déjà un grand divertissement que de se promener, par une douce et brumeuse journée d’hiver, dans la majestueuse solitude de Versailles (…) Jamais auparavant il ne m’avait paru à ce point empreint de somnolente majesté. je l’avais toujours visité en été, lorsque les fontaines jaillissent, que les allées sont verdoyantes, et que les vastes parquets cirés, dans les salles dorées, sont constellés de badauds parisiens et de touristes américains – semblables à des mouches sur des miroirs horizontaux. Mais le palais et les jardins devraient toujours être vus ainsi, désertés, dans la saison froide et défoliée. La nature, alors, semble les livrer à votre sympathie, et ils paraissent vous mettre dans la confidence. (…) Les grandes perspectives d’allées brumeuses étaient recouvertes d’une sorte d’efflorescence brune et violacée, qu’un peintre eût aimé reproduire »
Après une longue promenade dans les jardins, les joues bien roses, un petit goûter bien réconfortant à La Flottille, le charmant café restaurant et il est déjà temps de reprendre le chemin du retour (les jours sont encore courts en hiver!) avec l’impression d’une journée bien remplie et hors du temps.